Au Mali, la dégradation de la situation humanitaire a obligé plus de 400.000 personnes à se déplacer à l’intérieur du pays, particulièrement dans les régions du centre et du nord du pays. En 2023, plus de 8.8 millions de personnes dont 15% souffrant d’un handicap sont dans le besoin.
La région de Douentza, dans le Centre du pays, où cohabitent autochtones et personnes déplacées, est touchée de plein fouet par les effets combinés du conflit et des changements climatiques. C’est dans cette région que vit M’Boye. Originaire de Boni et c’est avec le sourire qu’elle nous accueille chez elle sur sa natte. Elle a perdu l’usage de ses pieds à la suite d’une maladie. Elle avait 18 ans et venait juste de se marier.
Cette mère et épouse de 38 ans veut partager son histoire de résilience. « Le départ de notre village vers Douentza a été improvisé, nous n’étions pas préparés pour partir, on était obligé. Nous sommes partis à la suite du blocus imposé sur notre localité par les groupes armés. Nous avons dû fuir notre maison, nos terres, sans rien emporter. » confie-t-elle.
M’Boye arriva à Douentza avec son mari, ses deux enfants ainsi que d’autres personnes de son village. Ils ont été bien accueillis par les autochtones. Malheureusement, l’arrivée massive de déplacés accroit la pression sur les ressources qui se rarifient. Tous doivent partager le peu qui existe. Mais ils peuvent compter sur certains programmes d’acteurs humanitaire avec la collaboration des autorités.
Au Mali, l’IRC, organisation humanitaire, en consortium avec NRC et DRC, intervient dans la région de Mopti (Douentza) à travers son programme nommé « Pro Sahel ». Financé par BHA/USAID, il vise à fournir une réponse complète en matière de protection qui répondra aux besoins immédiats des personnes touchées par le conflit dans le Sahel central, et prépare les communautés à répondre aux incidents de protection à l'avenir.
Cela passe par l’élaboration d’une réponse de protection basée sur des évaluation rapides, des audits de genre et des résultats ; l’amélioration de l’accès à une protection vitale complète et à des services juridiques pour les survivants/survivants de préjudices/violations de leurs droits. Il s’agit également de renforcer la résilience des communautés, des services et des systèmes institutionnels.
« J’ai bénéficié d’un accompagnement en kit composé de nattes, couvertures, savons, seau, chaussures, habits, torche, moustiquaires, bouilloire. Et le plus grand appui a été l’accompagnement pour l’obtention des extraits d’acte de naissance de mes enfants. » dit M’Boye avec le sourire.
A travers le volet Protection et Etat de droit, elle a ainsi pu avoir les extraits d’acte de naissance de ses enfants. Ils ont pu retourner à l’école et font la classe de 4ème et 2ème année.
Au total, plus de 20.000 clients dont 12.064femmes et filles ont bénéficié d’une assistance par le consortium de janvier à septembre 2023 dans les régions de Mopti, Gao et Ségou où le programme Pro Sahel est mis en œuvre. Parmi ces clients, plus de 3.800 étaient des déplacés internes. En outre, 12.987 personnes, dont plus de 70% d’enfants ont obtenu leurs actes de naissances grâce aux efforts du consortium dans ces zones.
« Cet appui a été capital car j’en ai bénéficié dès notre arrivée, nous avions tout perdu. La vie était devenue quasiment insupportable dans mon village à cause de la rupture d’approvisionnement en denrées et autres besoins de première nécessité. Fuir était la dernière option. Ce kit reçu nous a permis d’être à l’abris du froid, des moustiques et d’avoir une condition d’hygiène acceptable. »
Dans ce contexte difficile, les personnes à mobilité réduite sont parmi les plus vulnérables. Pourtant, M’Boye ne se laisse pas abattre. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, elle vend des condiments au marché comme d’autres femmes de la localité. Ces économies lui permettent de soutenir les dépenses de la famille.
« L’appel que je lance aux personnes en situation de handicap est de ne pas se sous-estimer, et ne pas s’isoler dans la société. Qu’ils sachent qu’ils ont des droits et des devoirs au même titre que les autres membres de la communauté. Il leur revient de choisir de se battre même quand c’est difficile, il faut se prendre en main et garder espoir. »
M’Boye souhaite agrandir son commerce et avoir un tricycle pour pouvoir se déplacer plus facilement. Se sentir accompagnée et soutenue l’a aidé à reprendre goût à la vie. Elle se sent parfaitement intégrée dans sa communauté et pense à l’avenir avec plus de conviction.
Au Mali, l'IRC et ses partenaires mettent en œuvre des programmes multisectoriels afin de soulager les personnes affectées par le conflit et les aléas climatiques. A travers le programme Pro-Sahel, nous ciblons +65000 personnes à travers la formation, le renforcement de capacité, la création d’espaces sûrs pour les enfants, la prise en charge et le référencement des cas de VBG, l’assistance en kits de dignité et la dotation de personnes en situation de handicap en Kits de mobilité (Béquilles/vélo tricycle).